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Man Ray  « La femme aux cheveux longs » 1929


Dans mon chapeau c’est le mot « CHEVEU(X) » que j’ai trouvé !

Je l’indique au singulier et au pluriel.

Au pluriel ou au singulier, il qualifie le ou les élément(s) de la pilosité humaine qui se situent sur le sommet, les côtés et l’arrière de la tête. Au figuré et principalement au singulier, le cheveu qualifie l’espace extrêmement mince qui peut séparer des espaces, des objets, des événements, des durées…

Avec des expressions comme « passer à un cheveu », « tomber comme un cheveu sur la soupe », « avoir un cheveu sur la langue », on comprend que ce mot peut prendre toutes sortes de sens…

Pour l’illustrer, j’ai choisi le sens premier et « La femme aux cheveux longs », une photographie réalisée par Man Ray en 1929

Man Ray de son vrai nom Emmanuel Radnitsky est un photographe, un peintre, un réalisateur de cinéma, un acteur du dadaïsme à New York, puis du surréalisme à Paris. Il est considéré comme l’un des plus grands pionniers de la photographie contemporaine.
Son pseudonyme emprunte trois lettres à son prénom et trois à son nom et signifie littéralement « homme rayon » (de lumière), ce qui doit être entendu comme « l’homme qui écrit avec la lumière », c’est-à-dire la signification du mot « photographe ».

Auteur prolifique aux multiples facettes, il est né en 1890 à Philadelphie et il est mort a Paris en 1976. Sa carrière commence à New York en 1910. Avec son ami proche Marcel Duchamp, ils forment la branche américaine du mouvement Dada.

En 1921 Man Ray débarque à Paris et il est présenté aux surréalistes Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard…

Grace à son amitié avec toutes ces figures de l’avant-garde de son époque, il va ouvrir la voie à la reconnaissance de la photographie au sein du contexte artistique. C’est surtout dans le domaine de l’expérimentation que se révèle le caractère précurseur de ses photographies.
Il développe le procédé de solarisation et l’applique à ses portraits, ses nus. Il porte aux nues l’art du photogramme (la photographie sans appareil photographique), procédé qui consiste à réaliser des empreintes d’objets sur des surfaces photosensibles.

Peintre ou sculpteur, il intervient en rehaussant ses clichés à la mine de plomb ou à l’encre de Chine.
Sa célèbre photographie « Le violon d’Ingres », clin d’œil au peintre Jean-Baptiste Ingres, nous présente un femme nue dont le dos qui arbore les ouïes d’un violoncelle est un exemple parmi d’autres.
Dans son image « Les larmes » il dispose sur le visage de son modèle des perles de verres pour suggérer des larmes.

« La femme aux cheveux longs » s’affiche avec une chevelure en douce cascade dorée, magnifique.
C’est une cariatide renversée à chevelure d’Ange.
Ses yeux fermés évoquent l’univers du rêve, du désir mais sa tête repose sur un plot de bois très inconfortable qui suggère l’idée d’une guillotine. Le modèle ne montre aucun signe de douleur. Son cou est offert. A la lame ?

C’est une image ambiguë dans laquelle deux facettes – une douce, une dure – se contrecarrent l’une et l’autre. En cela, c’est une image surréaliste.

Rappelons que le surréalisme est un mouvement artistique qui préconise le développement de la création et de l’expression en utilisant toutes les forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient) libérées du contrôle de la raison et en lutte contre les valeurs reçues.

L’ambiguïté qui apparaît ici est représentative de l’objectif poursuivi par ces artistes qui voulaient proposer dans des rencontres inattendues entre des univers qui s’opposent, une vision où se mêlent des sentiments contraires.

Etrangement, si on retourne l’image et qu’on la regarde à l’envers, elle fonctionne aussi.

On découvre un corps qui semble voler, une chevelure balayée par le vent, un visage délivré dans une chute libre infinie…

Henry Cartier-Bresson disait :

« Si une image est belle à l’envers, elle est belle à l’endroit aussi ».

Surréalisme !

C’est sur cette belle citation que je vous invite à investiguer votre imagination (vos rêves, votre subconscience) pour proposer une image digne de Man Ray… ou de Cartier-Bresson !